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Aidant du conjoint ou du parent

Mon expérience d'aidant ressource en ETP m'a confirmé une chose.  Il est plus difficile pour l'aidant d'accepter le "changement de personnalité" du conjoint atteint d'une maladie neurodégénérative type Alzheimer, que de la mère ou du père d'un âge avancé avec les mêmes symptômes.    Le parent est naturellement plus âgé que l'enfant (adulte pour le coup) et nous nous attendons donc un jour à une certaine déficience, maladie ou pas, et à l'approche d'une fin de vie. Et le système n'oublie pas de nous le rappeler... bref !  A un moment de notre vie, nous quittons nos parents. Nous ajoutons éventuellement dans notre cœur un conjoint et des enfants. Ils deviennent aussi, ceux qui comptent le plus pour nous. Je ne minimise pas l'amour pour le parent tellement évident et viscéral, la peine, ainsi que notre dévouement pour lui.   Un conjoint, rien ne nous prépare à cela. Nous avons partagé une grande partie de notre vie, avec les mêmes in...

D’où vient cette motivation ?

D’où vient cette motivation pour aider un proche a une vie meilleure en mettant la sienne de côté ?
Pour sombrer dans l’isolement, pour diminuer son espérance de vie.
Et cette foutue culpabilité ? Ce sentiment destructeur se nourrissant de notre éducation et nos règles, qui nous suit consciemment ou inconsciemment comme un boulet. Consciemment, quand l’aidant prononcera toujours le mot « culpabilité » lorsqu’il devra laisser en établissement son proche dont il est responsable, alors qu’il fait certainement ce qu’il y a de mieux à ce moment-là. Inconsciemment, quand il s’investit à deux-cents pourcents pour combler les brèches de l’aidance, bien souvent jusqu’à la rupture. Comme moi d’ailleurs, lorsque je dis « des intervenants chez moi ? jamais ! ». Pour un aidant ressource qui « conseille » les autres, ça fait mauvais genre.
La négligence n’est jamais bien loin aussi et pas besoin d’être un méchant : Par manque de connaissance, épuisement, isolement et vous devenez négligent passif. En survolant de plus en plus les besoins fondamentaux du proche, en repoussant un peu plus un rendez-vous annuel chez le spécialiste, car il évoque pour l’aidant un moment pénible, etc.

D’où vient cette motivation pour contribuer aux 164 milliards d’euros par an que les aidants prennent en charge. Ajouter à cela, du personnel médical insuffisamment qualifié et qui n’a pas le temps faute de moyens, de s’occuper pleinement du proche avec humanité. Et après ça, on va vous former sur les bases de cette Humanitude... euh, humanité, je voulais dire.
« Ah oui, étonnant,  elle est plus reposée après une toilette de 20 minutes plutôt que 6 »
« Ah ça alors, elle réagit mieux aussi quand on lui demande gentiment de détendre le bras plutôt que de forcer dessus »
Mince, alors !

D’où vient cette motivation d’aidant pour faire face encore aujourd’hui, aux anciens chiffres de 2008 que nos représentants annoncent toujours, sur le nombre d’aidants en France ? A savoir, 8.3 millions, car ils sont issus de la seule enquête officielle à leurs yeux. La fondation April a fait une étude en 2015 qui indique 11 millions. Alors, peut-être que cette dernière n’est pas officielle, mais on peut bien admettre que la population générale ayant augmentée depuis 2008, le nombre d’aidants également.
A moins que cette augmentation dérange.

Ma motivation ? elles sont deux, derrière moi, sur le canapé.

Commentaires

  1. Parfois, je me demande aussi pourquoi je m'inflige ça. et puis je le regarde et je sais...

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    1. C'est une chance que tu saches par un regard Kat, moi je ne sais plus, les "pros" m'épuisent. Merci JSA de ce texte, ton discours est toujours très juste.

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  2. Voilà. C'est tout ça. Et vos interrogations, Jesuis Aidant et Kat sont les miennes... tout comme vos conclusions...

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  3. Très beau billet, bel écrit, je pense qu'un pigiste n'aurait pas fait mieux, car il aurait oublié de dire certaines choses qu'un bénévole avec l'étiquette "aidant" c'est dire, exprimer et que tout les autres aidants se reconnaissent dans chacun de ses mots. Bon courage Charlie, des bises et merci pour tes écrits, continue

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