Une dame de 89 ans m'a raconté un passage de son enfance. Cela explique bien son caractère trempé.
Je l'ai enregistrée et voici des extraits retranscrits. Avec ses propres mots.
Ainée de 8 enfants, dont 3 frères.
Un père qui l'a battait. Une mère gentille dit-elle, mais dépassée.
Jusqu'au jour ou :
Maman, elle pleurait, elle pleurait. Je lui ai dit, je veux savoir ! Et elle m'a dit… "tu vas voir qu'il va les prendre".
J'ai dit à mes frères, "on va le choper dans le jardin, car il a peur des voisins" Il me frappait qu'a l’intérieur.
Je l'ai attrapé par le colbac, secoué comme un plumier et là il ne rigolait pas.
Je n'avais pas peur de lui, hein !
"Si j'étais un garçon, je te ficherais ça dans la figure. On va aller voir le juge et tu ne prendras pas les enfants de maman. C'est elle qui les a mis au monde et élevés". Il voulait donner les plus jeunes à sa maitresse. Elles avaient 3 et 8 ans.
Après, mes frères m'ont dit "oui, on va se mettre ensemble". Alors du coup, il n'a jamais touché aux gosses.
Il a dit : "j'ai des garçons et c'est la fille qui me fait ça.."
Il est parti dans le jardin, il ne m'a pas donné une gifle. Maman n'en revenait pas. Et après il se méfiait, hein…
J'en ai pris des trempes... Je ne disais rien, a personne, car j'avais peur que les assistantes sociales prennent mes petites sœurs. Pour maman, les enfants, c'était sacré ! Je préférais prendre des trempes. Une fois, je saignais du nez, j'avais la tête gonflée et une voisine a voulu appeler la police. J'ai dit "NON sinon ils vont prendre mes petites sœurs. Ma mère va mourir si on lui prend ses enfants. Je préfère prendre une trempe".
Ma sœur m'a dit "tu as pris tout pour nous, pour nous défendre". Les garçons ne disaient rien. Comme j'étais la plus vieille…
Même à l'école, je défendais mes frères. L'un d'eux était trop gentil et se faisait embêter. Il vivait chez notre grand-mère, car on n’avait pas assez de place. Je leur foutais sur la gueule aux autres pour le défendre. C'est vrai hein, je te jure. Je me serais fait couper le bras, mais j'aurais toujours défendu mes frères et sœurs.
On s'entendait très bien, mais le jour qu'ils ont été mariés, c'était fini. Pourquoi, dis, hein ?...
Je faisais la vaisselle, la lessive. Mes sœurs se débinaient après le repas. La petite était malade. Elle se mettait de la merde partout. Fallait que je la déshabille, que je la lave, que je lave les habits. Sept ans que je me suis occupée d'elle.
Papa dépensait l'argent pour sa maitresse. Il travaillait du lundi au jeudi et après il allait la voir. Le jour où il n'a plus travaillé et qu'il ne tirait plus un coup, sa maitresse n'en a plus voulu. Alors il disait qu'il regrettait maman (?). Je lui ai dit "les maitresses, y a que l'argent et le cul qui compte ! Tandis que maman, elle serait restée tout le temps avec toi. C'est toi qui l'as fait mourir à petit feu. C'est toi qui as tué maman". Je n'avais pas peur de lui. Si j'étais un bonhomme je l'aurais bousillé hein… La femme, si elle se laisse faire, c'est foutu.
Dans le temps, on avait froid. Ma mère me disait "il faut une bonne gelée pour tuer les microbes.
On mettait des sabots avec de la paille dedans, car les allemands nous prenaient tout. Alors j'allais voir les grands-mères du coin pour récupérer des bouts de laines et des conseils pour faire des chaussettes. Du coup, elles étaient de toutes les couleurs, haha.
Mon mari, on était bien ensemble. Quand il est tombé malade, c'était dur. Je me suis occupé de lui pendant 10 ans. Avec 2 enfants, dont un handicapé. C'était dur ! Il me disait "je ne veux pas aller à l'hôpital, car ils vont me laisser mourir"
(moi) : je ne vous parle même pas du curé qui faisait peur, qui abusait des gamines, des ossements que le jardinier retrouvait sous terre. Et de la question "mais pourquoi, les grands-parents ne disent rien quand l'enfant annonce ce qui se passe avec ce prêtre ?"
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